Des politiques monétaires accommodantes et prévisibles
L’action des banques centrales aura été quelque peu prévisible ces dernières années. Un tel comportement avait d’ailleurs quelque chose d’intentionnel. Alors que la reprise de la croissance économique au niveau mondial s’avérait lente suite à la crise financière, les banquiers centraux ont épuisé tous les moyens traditionnels d’assouplissement quantitatif, tout en essayant de restaurer la confiance parmi les investisseurs. Le tout avec un but : montrer aux agents économiques que des conditions de financement favorables et une politique monétaire accommodantes allaient être la norme pour les années à venir. Dans certains cas, en particulier lors du Federal Open Market Committee (FOMC), les banquiers centraux ont même été jusqu’à partager avec les investisseurs tous les paramètres économiques, ainsi que les différents scénarios d’évolution, qui pourraient façonner la politique monétaire. Tandis que les financiers s’évertuaient jusqu’ici à deviner la direction de la politique monétaire à travers les changements des taux d’intérêts directeurs, et le timing de ces changements, un tel travail s’avérait vain jusqu’aujourd’hui, avec des banques centrales pariant sur la transparence et le partage calculé de l’information. Et les stratégies de désendettement ont maintenu l’inflation à un niveau bas, assurant aux banques centrales que leur objectif de maintien des prix serait largement atteint, en dépit de leurs injections.
Tout ceci pourrait néanmoins changer rapidement. Le potentiel d’inflation n’est peut-être pas si important, mais la prédictibilité des actions des banques centrales et l’uniformité des décisions des banques centrales à travers le monde est en train de changer.
Avec un indice S&P 500 en baisse de 1% entre mardi et jeudi, les marchés ont montré leur capacité à réagir sous tension en cas de retrait des politiques d’assouplissement avant que la croissance économique mondiale n’ait eu le temps de se consolider. Avec des données macroéconomiques floues en Chine, un continent européen encore en récession, des mesures de croissance encore expérimentales au Japon et une reprise de l’économie US faible et lente d’un point de vue historique, il est indéniable que les injections de liquidité sont le principal moteur des marchés boursiers ces derniers mois. Les banques centrales sont donc en train d’évoluer sur une ligne jaune.
En déclarant à Bloomberg que les plans d’assouplissement pourraient se ré-accélérer après un premier tarissement, sans être branchés en pilote automatique, le président de la Réserve Fédérale de San Francisco, John Williams a toutefois calmé les inquiétudes de la veille. Le président de la Réserve Fédérale de St Louis, James Bullard, est allé dans le même sens, en déclarant que même en cas de tarissement, les achats de la FED seraient minorés d’un montant minime. Les banques centrales semblent encore déterminées à acheter de la dette souveraine, ce qui éloigne le spectre d’une correction importante sur les marchés obligataires ou actions à court terme, mais pour combien de temps encore ?