Pourquoi le capital-investissement peut-il être préférable, en termes de management ?
Lorsque l’on pense aux fonds de capital-investissement (ou private equity), les images de ratios comptables, d’endettement voire de fonds vautours viennent tout de suite à l’esprit. Loin de l’image polémique que l’on peut s’en faire, les fonds de capital investissement présentent des avantages d’un point de vue purement managérial.
Le private equity est loin des analystes
L’empressement, pour les entreprises cotées en bourse, à réaliser leurs objectifs de court terme est bien connu. Les analystes boursiers passent leur temps à prévoir les prochains bénéfices trimestriels, et les entreprises ont tout intérêt à dépasser les attentes du marché. La plupart du temps, atteindre simplement les attentes des analystes n’est pas suffisant, car les investisseurs penseraient que le management n’est pas capable de se surpasser.
Pourquoi les entreprises se laissent-elles donc enfermer dans le piège des prévisions ? Pourquoi dépendre de quelques analystes boursiers, qui s’octroieraient un pouvoir démesuré sur la continuité du management en place ? Il arrive que des entreprises cotées en bourse refusent d’aider les analystes afin de ne pas entrer dans une relation de dépendance ou de soumission. En aidant les analystes à établir leurs prévisions, lors de roadshows ou de rendez-vous plus discrets, les entreprises favorisent parfois la création d’attentes impossibles à satisfaire.
Une compagnie reposant sur du capital privé, elle, n’aura pas d’analystes la suivant. Les objectifs fixés par le management et par les actionnaires sont pour leur propre usage. Ne pas atteindre les objectifs, avoir un échec commercial ou connaître des déboires stratégiques sont autant de problèmes qui ne feront pas les grandes lignes de la presse financière, et généreront de la volatilité sur le prix de l’action.
Le private equity sous la forme de Management Buyout (MBO)
L’une des formes les plus communes private equity est simplement celle où il y a un management buyout (MBO), c’est-à-dire que la direction de l’entreprise détient une part significative du capital de celle-ci.
Avec une entreprise cotée en bourse, la direction possède rarement une part significative du capital, et les décisions prises pour l’entreprise se font souvent du point de vue de la direction, dans son propre intérêt, plutôt que dans l’intérêt des actionnaires.
Avec une entreprise composée de capital privé, où la direction possède une part significative du capital, les intérêts de la direction et des actionnaires sont beaucoup mieux alignés. La direction a tout intérêt à prendre des décisions qui soient bénéfiques aux intérêts des actionnaires.
Le private equity comme source de motivation
Il est fréquent qu’une compagnie à capital privé investisse plus que ce qu’elle ne peut se permettre. Bien qu’il soit raisonnable de penser que la direction avait déjà intérêt à ce que l’entreprise aille bien lorsqu’elle était publiquement cotée, lorsqu’elle devient privée il est également raisonnable de penser que la motivation est d’autant plus forte, étant donné qu’une grande part de la richesse des dirigeants se trouve dans la compagnie elle-même.
Le private equity facilite les décisions d’investissement
Avec une entreprise cotée en bourse, chaque décision d’investissement majeur est soumise à discussion, à négociation, à l’intérieur de la compagnie mais également avec l’extérieur (actionnaires). Les décisions d’investissement peuvent s’avérer particulièrement frustrantes dans la mesure où le capital n’est pas alloué aux différentes divisions d’une façon efficace et rapide, même avec l’espoir de générer plus tard des revenus. C’est d’autant plus frustrant pour les dirigeants qui peuvent voir des opportunités d’investissement filer sous leurs yeux, ou qui sont dépendants de processus de validation lents, et qui voient la rentabilité de leurs investissements s’effriter avec le retard pris.
Le private equity aligne les dépenses sur les intérêts communs
Lorsqu’une entreprise n’appartient pas à un dirigeant, celui-ci ne perçoit pas les dépenses de la même manière qu’un actionnaire. L’exemple le plus simple est celui des dépenses liées aux transports ou à l’hébergement. Dans quel hôtel dormiriez-vous si vous deviez vous rendre à un déjeuner d’affaires à l’étranger ? La réponse changerait-elle si vous deviez payer la note ? En quelle classe voyageriez-vous ? Les compagnies à capital privé auront une tendance beaucoup plus forte à dépenser les liquidités de manière efficiente, ces liquidités sont une denrée rare.