Production de terres rares, Chine, difficultés d’approvisionnement & nouvelle classe d’actif financière
Lanthanum, Cerium, Praseodymium, Promethium, Neodymium, Yttrium… Gallium, Indium, Lithium, Tellurium, Cobalt… que des noms étranges pour le quidam. Pourtant, ceux-ci nous accompagnent partout au quotidien. La demande pour les terres rares risque bien d’exploser au cours des prochaines années, suite aux décisions environnementales prises par les gouvernements occidentaux. En effet, les technologies poussées par les divers Grenelles de l’environnement ou conférences écologiques mettent l’accent sur de nouvelles formes de production, de technologies à faible carbone ou de consommation d’énergie alternatives, telles que les voitures hybrides ou les éoliennes, particulièrement gourmandes en terres rares. Le marché des terres rares est-il tendu ?
Production de terres rares en Chine : prix prêts à s’envoler ?
Sur le court-moyen terme, les capacités d’extraction de terres rares et de production semblent toutefois limitées. Malgré des réserves en terres rares estimées à 50% des réserves mondiales, la Chine occupe une place démesurée : 97% de la production mondiale de terres rares est ainsi concentrée sur son territoire. Les politiques d’exportations y sont par ailleurs restrictives, prenant souvent la forme de quotas. Les pressions écologiques, les restrictions économiques, la lenteur des projets industriels (compter jusqu’à 7 ans pour qu’un nouveau projet se concrétise) et la consolidation actuelle que connait le secteur poussent donc les prix à la hausse. A l’heure actuelle, seuls deux projets semblent sortir du lot et fournir une bouffée d’oxygène : Mountain Pass aux Etats Unis et Mount Weld en Australie. La production n’en sera néanmoins que momentanément soulagée.
Le rapport du Japanese Research Institute of Economy, Trade and Industry (RIETI, 2012), intitulé ‘The Battle for New Resources: Minor minerals in green technologies’, est assez éloquent lorsqu’il se penche sur les difficultés d’approvisionnement futures : « L’avenir est assez sombre : le monde ne peut satisfaire les demandes projetées de technologies vertes avec les ressources actuelles en matières de minerais rares », ce malgré d’évidents progrès pour les économies traditionnellement dépendantes aux énergies fossiles importées.
Signe de tensions inéluctables, la demande mondiale de terres rares est projetée à près de 185 000 tonnes en 2015, contre 130 000 tonnes en 2010. Plusieurs technologies vertes s’en verront donc affectées. Si les éoliennes et voitures électriques auront des prix très dépendants à ceux des terres rares, d’autres technologies telles que les ampoules LED ou les batteries au Lithium, qui n’utilisent pas ou beaucoup moins de terres rares, pourraient donc bénéficier d’une envolée des prix des reres rares.
Face à de tels défis d’approvisionnement, certaines compagnies ont déjà réagi. D’abord, en continuant d’innover afin de trouver des technologies moins dépendantes aux terres rares. Ensuite, en se livrant à une intégration verticale (acquisition ou fusion avec des compagnies minières) afin de de limiter le risque d’approvisionnement. Enfin, en utilisant moins de terres rares ou en favorisant le recyclage de ces dernières, tout simplement.