Investir dans les marchés émergents en 2012 ?
Malgré des performances positives fortes au cours des dernières années, les marchés émergents sont toujours sous-représentés dans l’économie mondiale et les marchés actions.Où en sont les BRIC, ce fameux acronyme servant à désigner le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, ces économies des pays en voie de développement les plus dynamiques, les plus à-même de rejoindre les pays développés ?
Croissance des pays émergents : quels facteurs
Plusieurs facteurs de long-terme semblent cependant pousser ces économies vers les cimes. Leurs principaux catalyseurs sont : une demande domestique en croissance, des rythmes de productivité accrus et en train de rattraper ceux des pays développés, une démographie dynamique, de larges excédents fiscaux et excédents budgétaires ainsi que des réserves de devises importantes.
Les entreprises des pays émergents sont aussi en pleine transformation, s’améliorant grâce à leurs gains de rentabilité, moins d’effet de levier et des progrès dans leurs pratiques managériales. La valeur de ces entreprises reste attractive, tant d’un point de vue absolu que relatif ?
La croissance des pays émergents subit cependant un ralentissement, qui s’avère à la fois cyclique et structurel. Les taux de croissance structurels sont en baisse : la Chine était sur une tendance de 10-12% de croissance par an depuis une décennie, et tout laisse à croire que le pays s’est engagé dans une phase plus « modérée », avec des taux de 5-6% pour les dix prochaines années à venir, tandis que ses gains de productivité ralentissent eux-aussi. La croissance a subi un coup d’arrêt cyclique, à mesure que les exportations vers l’Europe se tarissaient et que la croissance des pays développés passait dans le rouge.
A court-terme, les marchés actions des pays émergents peuvent bénéficier de deux facteurs. D’abord des déficits budgétaires et des niveaux de dettes faibles, ce qui laisse beaucoup de marge de manœuvre aux pays concernés pour assouplir les conditions fiscales et relancer leurs économies en cas de besoin, et pourquoi pas financer de grands programmes d’investissements en infrastructures. D’autre part, les taux d’intérêts y sont encore élevés et peuvent être baissés, c’est le cas du Brésil par exemple, où ceux-ci sont élevés à la fois en termes absolus et réels.
Il convient en outre de bien différencier les différentes économies des pays émergents, que l’on a tendance à regrouper en un seul et même bloc. Les performances des marchés action, au sein même des BRIC, sont très hétérogènes. Ne serait-ce qu’en 2010 par exemple, le marché russe caracolait en tête avec +24%, suivi de près par l’Inde et ses +19%, tandis que le Brésil suivait une performance bien plus atone de +1%, et que la Chine s’effondrait de 13%.
Les actions chinoises
Le marché actions chinois a subi d’importantes corrections ces deux dernières années, principalement pour trois raisons. D’abord, une longue incertitude sur la transition politique du pays. Ensuite, tandis que régnait cette incertitude politique, les dirigeants chinois ont resserré les conditions de financement. Enfin, comme la croissance ralentissait pour des causes structurelles et cycliques, les mauvais investissements des compagnies chinoises sont devenus plus évidents, touchant négativement les bénéfices de ces dernières.
Il n’en demeure pas moins que de bonnes nouvelles subsistent. Le prochain leadership sera annoncé le 14-15 novembre prochain. La Chine n’est plus en train d’augmenter ses taux d’intérêt, et pourra les descendre si besoin. Enfin, la plupart des mauvaises nouvelles ont déjà été prises en compte par le marché : les attentes des analystes en matière de bénéfices sont raisonnables, tout comme les valeurs des entreprises, actuellement à des plus bas historiques. Le sentiment général du marché en Chine est très bearish.
Les autre pays émergents : Brésil, Russie, Inde
Au Brésil, les perspectives de croissance ont été fortement revues à la baisse par le Fonds Monétaire International ces derniers jours. Son économie est très dépendante du prix des matières premières. Par ailleurs, son flux de crédit reste contenu. Du côté positif de la balance, il semblerait que l’assouplissement monétaire produit enfin ses effets. Le Brésil a de bonnes conditions démographiques, une certaine stabilité politique et a accru la libéralisation de son secteur financier.
La Russie a des conditions démographiques relativement mauvaises et restent dépendante des prix de l’énergie, en particulier du gaz. Mais le pays commence à diversifier son économie afin de maintenir une croissance de long-terme. La Russie bénéficie d’excédents budgétaires, d’une faible dette et d’une devise qui s’apprécie. Cependant, la corruption, perçue ou réelle, constitue un frein aux activités. Dans l’ensemble, les actions russes sont très faiblement valorisées, et représentent de véritables opportunités.
L’inde souffre d’une forte inflation, de déficits jumeaux (en partie dus aux prix élevés du pétrole) et d’un faible gouvernement. Mais le pire est peut-être déjà passé : le gouvernement est en train d’entamer de courageuses réformes et les prix du pétrole ont cessé d’augmenter. Sur le long-terme, les investisseurs peuvent avoir de l’espoir : l’Inde a une solide croissance démographique, et ne se situe qu’à 10-12 ans derrière la Chine en matière d’économie. Le pays a besoin de grandes infrastructures et d’énergie.
L’Asie du Sud-Est continue d’être prometteuse en matière de croissance. La valeur des entreprises locales est cependant rebutante.