Mauvais indicateurs US et dérive transatlantique

Les fermetures de positions courtes semblent terminées sur le marché des Treasuries, mais les indicateurs US paraissent encore trop faibles pour rétablir des stratégies baissières, du moins pour l’instant. Les fortes variations des Treasuries tendent finalement à se répercuter sur les marchés émergents (par exemple, leur rebond de janvier permet maintenant aux places émergentes de se stabiliser), ce qui limite à son tour les fluctuations des Treasuries.

Dans le même temps, les rendements des Bunds flirtent avec leurs plus bas depuis le début de l’année et semblent de moins en moins sensibles aux Treasuries, car la zone euro reste en retard sur la reprise économique observée dans les autres pays développés. Les chiffres du PIB pour le quatrième trimestre seront positifs mais ne calmeront pas les craintes de japonisation de la zone euro. Cela maintient la pression sur la BCE en faveur d’un assouplissement monétaire.

La nouvelle série de mauvais indicateurs US (rapport sur l’emploi de janvier et ventes au détail) n’a pas réussi à alimenter le rally des Treasuries. Les fermetures de positions courtes pourraient être finies. Il se pourrait également que les investisseurs aient décidé d’ignorer ces mauvaises statistiques à cause de conditions météorologiques instables. Enfin, le repli des rendements des Treasuries en janvier a contribué à stabiliser les conditions de risque, les devises émergentes parvenant notamment à se remettre lentement de la débâcle de janvier. Cela limite la fuite vers la qualité qui avait bénéficié aux Treasuries. Plus généralement, les marchés émergents pourraient freiner les variations des Treasuries à plus long terme, car les mouvements de vente sur les Treasuries tendent à affecter le sentiment pour le risque, tandis que les rebonds offrent un répit aux marchés émergents.

Malgré la légère hausse des rendements US au cours de la semaine passée, il reste prématuré de rétablir des stratégies baissières sur les Treasuries. Les faibles ventes au détail provoqueront notamment une révision à la baisse du PIB pour le quatrième trimestre (vers 2,5%) et les mauvais chiffres publiés en fin d’année suggèrent déjà une croissance encore plus modeste au premier trimestre. La semaine à venir sera marquée par des chiffres d’inflation assez faibles et des statistiques immobilières décevantes, ce qui limitera la hausse des rendements des Treasuries pour l’instant, même si le sentiment pour le risque semble légèrement meilleur.

Malgré la pause des Treasuries, la dérive transatlantique (divergence entre les Etats-Unis et l’Europe) se poursuit, le Bund 10 ans traitant à 5pb des plus bas de 2014. Ces derniers jours, Benoît Coeuré a beaucoup parlé d’une baisse du taux de dépôt. Une telle mesure semble encore improbable, compte tenu du coût pour les fonds monétaires, mais cela souligne encore la pression que subit actuellement la BCE pour assouplir sa politique monétaire. Les analystes prévoient désormais une inflation européenne de 1,1% en 2014 et 1,4% en 2015, contre 1,5% et 1,6% auparavant. Les prévisions sont ajustées à la baisse, ce qui ne fera pas plaisir à la BCE (les anticipations d’inflation sont jugées déterminantes pour le processus d’inflation). Au pire, cela augmente les chances d’une entrée en action de la BCE. Les prévisions de l’équipe de recherche de la BCE en mars sont très attendues, car elles commenceront à couvrir l’année 2016, et contribueront donc largement aux prises de décision de la BCE.

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