Les défis actuels des trésoriers d’entreprise
Les accords de Bâle III sont en train de bouleverser le monde bancaire, mais également celui des entreprises non financières. Les exigences de fonds propres pour les banques, la réforme des fonds du marché monétaire, les programmes d’assouplissement quantitatif et le régime à taux d’intérêt bas impulsé par les Banques centrales forcent les trésoriers d’entreprise à revoir leurs politiques d’investissement et la façon dont doit être construit leur bilan.
La réforme Bâle III impose des changements significatifs en matière de fonds propres, de structure du bilan, de sources de financement à long terme et de tests de résistance en cas de crise pour les banques. Si les banques ont jusqu’à 2019 pour mettre en place ces nouvelles exigences, certains pays ont d’ores et déjà décidé de franchir le pas en demandant au secteur de s’adapter. Du côté des investisseurs, ceux-ci risquent de trouver porte close en s’adressant à leurs partenaires bancaires, ou pourraient avoir des difficultés à trouver des financements immédiats dans la mesure où les banques doivent respecter un ratio de liquidité à court terme plus fort sous Bâle III.
Aux Etats-Unis, la SEC a annoncé, dès juillet 2014, une série de mesures pour réformer les fonds du marché monétaire, exigeant de leur part de s’adapter sous 18 mois. L’industrie, déjà fragilisée par un environnement de taux d’intérêt faibles, continue d’examiner les options sur la table pour survivre à long terme. La situation est à peu près identique en Europe, où les réformes provoquent d’intenses débats à Bruxelles. Les eurodéputés ont sévèrement montré du doigt les fonds monétaires à valeur liquidative constante, suspectés de participer à un certain risque systémique. Malgré ces changements, les fonds monétaires représentent toujours une source importante de placement et de diversification pour les investisseurs.
Les rendements obligataires sont au plus bas à travers le monde. Le taux des OAT françaises 10 ans dépassait à peine les 0,40% fin avril 2015. Pour les échéances inférieures à 9 ans, les obligations de la confédération helvétique affichent même des taux négatifs depuis le début de l’année. Les observateurs n’attendent par ailleurs aucune hausse des taux directeurs de la part de la Banque centrale européenne (BCE) pour les prochains mois. En Suisse, certaines banques privées telles que Pictet ou Lombard Odier appliquent même des taux négatifs sur les avoirs des gros clients.