Fiscal cliff vs Plan d’aide à l’Espagne : catalyseurs du marché en panne
Depuis la mi-septembre, les grands marchés actions Europe et US peinent à progresser. Les nouvelles macroéconomiques se tarissent, la volatilité diminue (la volatilité réalisée 3 mois de l’EuroStoxx 50 flirte avec les 18.5 points, tandis que la volatilité implicite reflétée par le V2X stagne autour de 21 points). Absence de risque ou manque de catalyseurs ?
Fiscal cliff
Le marché américain ne trouve pas de catalyseurs depuis septembre et l’annonce du troisième programme d’assouplissement quantitatif (QE3) de la part de la Réserve Fédérale et de Ben Bernanke. Entre le 12 septembre et le 11 octobre, l’indice phare du pays, le S&P500 n’a bougé que de quelques points, passant de 1436.6 à 1432.6. Le marché attend les débats sur le « fiscal cliff » ou « mur budgétaire » au Congrès, ainsi que le dénouement des élections présidentielles en novembre, afin de réévaluer les risques politiques pesant sur l’économie américaine. C’est d’ailleurs cette opportunité de discussion post-élection qu’a aussi suggérée Tim Geithner, secrétaire au Trésor US, lors de la réunion des ministres des finances du G7 à Tokyo. Les Etats-Unis subiront 100 milliards de dollars de coupes budgétaires, couplées à 500 milliards de dollars de fin d’exemption de taxes sur les revenus en janvier, si les parlementaires ne se mettent s’entendent pas sur un nouvel accord. A noter qu’en cas de réélection, Barack Obama favoriserait plutôt des taxes sur les hauts revenus, tandis que son challenger républicain Mitt Romney s’oppose à toute hausse.
Problème de multiplicateur fiscal en Europe
De l’autre côté de l’Atlantique, le marché attend patiemment que l’Espagne fasse appel au programme d’aide proposé par la Banque Centrale Européenne, scénario qui interviendra probablement après les élections régionales du 21 octobre et le remboursement de dettes antérieures (qui entraînera la nécessité d’une nouvelle émission de dette, mais à des conditions bien plus difficiles). Le rendement des obligations espagnoles 10 ans se situe actuellement autour de 5.85%. A part l’Espagne, l’attention se portera également sur la Grèce, et la renégociation des mesures d’austérité. Le Fond Monétaire International de Christine Lagarde a souligné les risques que pouvaient encourir les pays en difficulté lors de l’application de mesures trop drastiques, provoquant un piège à austérité (hausse des impôts et baisse des dépenses sociales peuvent provoquer érosion de la demande nationale et donc baisse des revenus fiscaux). Le FMI pointe par ailleurs le problème de multiplicateur fiscal que connait l’Europe : longtemps sous-estimé (0.5), celui-ci se situerait plutôt entre 0.9 et 1.7 (autrement dit, 1% de réduction des dépenses publiques/augmentation des impôts entraîne entre 0.9 et 1.7% de réduction du PIB). Enfin, toujours selon l’organisation internationale, il serait souhaitable la Grèce obtienne un délai supplémentaire de deux ans pour appliquer ses réformes, vision que ne partage pas le ministre des finances allemand.