Une Réserve Fédérale plus attentiste que prévu
La plus grande surprise de ce début d’année nous vient certainement de la Réserve fédérale américaine qui, après quatre hausses de taux en 2018, a soudainement décidé d’adopter une posture plus attentiste. Bien que l’annonce d’une politique monétaire future dépendante de l’évolution des indicateurs économiques soit logique, le récent changement de cap a tout de même surpris : alors que la réduction de la taille du bilan était sur « pilote automatique » et que le niveau des taux d’intérêt était jugé « à peine neutre » il y a quelques semaines, la poursuite de la normalisation des conditions monétaires semble aujourd’hui remise en cause.
Il n’aura pas fallu bien longtemps aux investisseurs pour en conclure la fin de la hausse du cycle de relèvement des taux aux Etats-Unis, aidant ainsi les marchés actions à afficher leur meilleur mois de janvier depuis près de 30 ans ! Bien que le soulagement à court-terme soit compréhensible, il y a lieu de se demander s’il s’agit réellement d’une bonne nouvelle et quelles sont les réelles motivations de la Réserve fédérale. Est-elle influencée par les instructions présidentielles ou bien anticipe-t-elle, dans un avenir proche, un ralentissement plus prononcé et encore peu visible ?
A priori, rien de bien rassurant dans les deux hypothèses. Dans la première, cela mettrait en doute l’indépendance de l’institution et pourrait créer une hausse à terme de l’inflation alors que dans la seconde, cela annoncerait de sombres perspectives pour les actions.
Du côté de la Banque centrale européenne, la prudence est également de mise. Comme elle l’avait annoncé, elle a partiellement mis un terme à ses rachats d’actif en fin d’année. Cependant, et malgré un optimisme de façade, elle ne peut rester indifférente aux risques affectant les perspectives de croissance et semble donc peu pressée à opérer son premier relèvement de taux en 8 ans.
La Banque nationale suisse et la Banque d’Angleterre restent également « en mode attente », la première jugeant sa politique actuelle visant à contenir l’appréciation du CHF pertinente, la seconde devant faire face aux incertitudes du Brexit et à un reflux de l’inflation.