L’évaluation de la volatilité implicite, une question centrale pour les options
L’un des déterminants essentiels lors du calcul du prix d’une option est l’évaluation de la volatilité implicite. L’ampleur des fluctuations attendues a un impact direct sur la cherté d’une option. Contrairement aux autres déterminants tels que le taux d’intérêt sans risque ou le prix actuel du sous-jacent, la volatilité implicite n’est pourtant pas directement observable. Comment les opérateurs l’évaluent-ils ? Qu’est-ce que cette volatilité représente ?
Pour évaluer la volatilité implicite d’un actif, les opérateurs se reposent avant tout sur les cours passés, c’est à dire sur la volatilité historique. Cependant, l’évolution passée ne pouvant prédire l’évolution future, cette méthode pose de sérieuses questions. Quelle période passée retenir pour évaluer la volatilité à venir ? Trois mois, un an, cinq ans ? Quels rendements prendre en compte ? Les rendements quotidiens ou hebdomadaires ? L’approche empirique peut-elle être complétée par d’autres méthodes ?
L’alternative la plus commune est de se positionner simplement vis-à-vis de la volatilité implicite prise par les autres opérateurs. Sur un marché d’options, chacun peut observer les cours proposés par les différents intervenants, selon leur prix d’exercice ou leur maturité. A partir de ces prix d’option, chacun peut donc retrouver la volatilité implicite choisie par ces intervenants. Il suffit pour cela de réutiliser, à tâtonnements, le modèle de Black-Scholes en insérant différentes volatilités implicites, jusqu’à trouver celle qui fait aboutir le modèle à un prix d’option équivalent à celui observé.
Il convient de garder à l’esprit que la volatilité implicite n’est pas constante dans le temps, et qu’elle peut elle-même évoluer au gré des incertitudes ou des mouvements boursiers. En période de remous, les opérateurs peuvent devenir de plus en plus averses au risque et penser que la situation continuera de se dégrader. Non seulement les fluctuations attendues seront donc grandes, mais les stratégies de couverture via options (achat de puts notamment) renchériront le prix des options, et donc leur volatilité implicite – c’est la loi de l’offre et de la demande. En période de calme, les opérateurs s’attendront à peu de fluctuations, et leur relatif désintérêt pour les stratégies de couverture fera descendre les prix d’option, et donc la volatilité implicite contenue dans ces prix.
Naturellement, la volatilité implicite est différente d’une action à une autre, mais également d’un secteur à un autre. Une action Alcatel-Lucent, très risquée car liée à une entreprise et à une activité fragilisées, sera plus volatile qu’une action Procter & Gamble, liée à une entreprise aux résultats financiers stables et à l’activité prévisible. Mais, pour une même action, on retrouve également différentes volatilités implicites, en fonction du prix d’exercice ou de la durée résiduelle retenue. En principe, les puts très court terme, en dehors de la monnaie, possèdent une volatilité implicite bien plus élevée que les calls à la monnaie. On retrouve fréquemment des phénomènes tels que le « smile de volatilité » et le « skew ».