Qu’est-ce que l’activisme actionnarial ? Définition d’une pratique aux multiples visages
L’activisme actionnarial peut être défini comme l’exercice et la mise en application par les actionnaires minoritaires des droits attachés aux actions d’une entreprise qu’ils détiennent, en vue d’influencer la gouvernance de celle-ci. Ces droits peuvent se matérialiser sous diverses formes : vote sur les décisions stratégiques ou financières de l’entreprise, vote sur les rémunérations des dirigeants, nomination des dirigeants ou versement des dividendes. Longtemps réservé aux investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension ou les fonds communs de placement, cet activisme a connu des mutations importantes au cours des dernières décennies, devenant l’œuvre de hedge funds mais aussi d’actionnaires « ordinaires » comme des petits épargnants, regroupés entre eux, et se manifestant notamment pendant les assemblées générales.
Activisme actionnarial défensif ou offensif ?
Les actionnaires peuvent agir ex post, corrigeant les défaillances de l’entreprise afin de la remettre dans le droit chemin, avec une vision de long terme (investisseurs institutionnels), ou peuvent agir ex ante, en choisissant d’investir dans une compagnie influençable, afin de la bouleverser et maximiser leur profit à court terme (hedge funds). On peut donc distinguer une sorte d’activisme actionnarial « défensif », et un autre plutôt « offensif ».
En se procurant une part minoritaire de l’entreprise, un activiste peut faire du lobby auprès d’autres actionnaires afin de les rallier à sa cause. Ses congénères peuvent décider de changer leur propre vote ou tout simplement attribuer leurs droits à un proxy utilisé par l’activiste. L’activiste peut aller jusqu’à menacer le management en place d’augmenter sa part d’actions, par exemple à travers une offre publique d’achat, afin d’accélérer son emprise. La frontière entre un activisme de contrôle et un activisme de simple influence est donc ténue.
Activisme actionnarial : calculer ses bénéfices potentiels et profiter de la dilution du capital
Lorsqu’un activiste radicalise sa position, celui-ci doit s’assurer que les bénéfices à tirer de sa conduite sont supérieurs aux coûts qu’elle induit (coûts légaux, coûts de communication, coûts de recherche, frais de courtage, coûts de financement, baisse potentielle du cours de l’action en bourse résultant des affrontements). Il est intéressant de noter que nombre de ces coûts (courtage, recherche, communication) ont été grandement réduits grâce à l’informatisation de nos sociétés, favorisant d’autant plus l’émergence d’activistes.
Au niveau de la compagnie visée, deux éléments peuvent provoquer l’apparition d’activistes actionnariaux. D’une part, la mauvaise santé de l’entreprise cotée, évidemment, ou sa relative sous-performance par rapport aux revenus escomptés d’un changement. D’autre part, la dilution du capital entre plusieurs actionnaires, ie l’absence de bloc d’actionnaires pouvant mettre un veto à toute velléité de contrôlé, ce qui rendra un changement d’autant plus faisable.