Valeur de marché ou valeur comptable
En décembre 2013, le fabricant automobile PSA Peugeot a annoncé que son résultat annuel serait plombé par des dépréciations d’actifs, chiffrées à 1,1 Mds€. Le groupe français s’était déjà livré à un tel exercice un an auparavant ; la division Automobile avait subi, à elle seule, un ajustement de valeur de 3,009 M€. Ces corrections, importantes et réitérées, visaient à rendre fidèlement compte de la dégradation du marché européen, fortement touché par la crise. Comment sont enregistrées les valeurs des actifs d’une entreprise ? Pour une automobile ou des matières premières, le constructeur doit-il privilégier la valeur de marché ou la valeur comptable ?
Quelle valeur pour les actifs sur le bilan ?
Les valeurs habituellement inscrites dans les livres sont des valeurs comptables, lesquelles peuvent différer sensiblement de ce que les actifs valent réellement, sur le marché. Prenons l’exemple d’un terrain, acheté 100.000€. Dans quelques années, cette valeur pourrait avoir fortement évolué, en fonction de l’inflation, de la loi de l’offre et de la demande ou de changements fiscaux. Pourtant, les entreprises choisissent généralement de maintenir la valeur d’achat dans leurs livres.
En ce qui concerne l’actif circulant, composé d’éléments liquides, la valeur de marché et la valeur comptable sont relativement équivalentes. Si ces actifs devaient être transformés en disponibilités, étant donné leur liquidité, leur valeur ne serait que peu, voire pas affectée. En revanche, en ce qui concerne l’actif immobilisé, composé d’éléments tels que des terrains, des fonds commerciaux ou des participations, l’équivalence entre valeur marchande et valeur comptable ne serait que pure coïncidence.
Comprendre la différence entre valeur marchande et valeur comptable prend toute son importance lorsqu’il s’agit de clôturer un exercice. Le fait que PSA Peugeot choisisse de réévaluer la valeur de certains de ses actifs peut affecter considérablement son résultat annuel. Une dépréciation d’actifs, si elle n’est pas forcément synonyme de décaissement effectif, peut faire plonger les résultats d’une entreprise dans le rouge… et permettre à cette dernière de ne pas payer d’impôts ou de dividendes. Les normes comptables sont donc particulièrement strictes et ajustées fréquemment par les autorités, afin de retranscrire fidèlement la santé des entreprises. En France, les règles sont établies par le Code de commerce et l’Autorité des normes comptables (ANC). A l’international, les normes internationales d’information financière (en anglais « International Financial Reporting Standards » ou IFRS) facilitent le travail des entreprises cotées et des investisseurs soucieux d’obtenir des informations financières claires et comparables.
Le bilan et sa structure constituent une source précieuse d’informations pour les différentes parties prenantes. Un partenaire peut chercher à savoir quelle est la proportion de dettes fournisseurs ou le besoin en fonds de roulement de l’entreprise, afin de savoir s’il a des chances d’être payé en temps et en heure. Un créancier peut chercher à estimer la liquidité de certains actifs afin d’estimer le levier réel de l’entreprise, et la valeur qui lui serait potentiellement restituée en cas de faillite. Les bilans des banques, en étant plombés d’actifs toxiques illiquides (produits dérivés de crédit ou hypothèques) au plus fort de la crise des subprimes, ont montré à quel point les différences entre valeurs de marché et valeurs comptables pouvaient être importantes. La valeur réelle d’une entreprise peut être très éloignée de sa valeur comptable.