Hausse du dollar index, le début d’un cycle ? Quels catalyseurs pour l’appréciation du dollar ?

Graphique du dollar index

La hausse du dollar cette année fait inévitablement se poser la question d’une nouvelle ère haussière pour le billet vert. Entre le 31 décembre 2012 et 22 mai 2013, le dollar index, mesure de la valeur internationale du dollar américain face à un panier de devises internationales de premier rang a augmenté de 5,5%.

Raisons de l’appréciation du dollar dans les années 1980 et 1990

Certains font déjà le parallèle avec deux autres périodes significatives de hausse pour l’indice. Dans la première moitié des années 1980, où le dollar index avait doublé en valeur suite à la remontée des taux d’intérêts décidée par Paul Volcker afin de lutter contre l’inflation, avant de chuter suite aux accords du Plaza en septembre 1985. La décision concertée des pays du G5 de faire chuter le dollar par des ventes massives avait eu un effet immédiat. Puis dans la deuxième moitié des années 1990, avec une hausse de 50% qui reflétait la stabilité géopolitique retrouvée suite à l’effondrement de l’Union Soviétique, les excédents budgétaires récoltées sous l’administration Clinton, les taux d’intérêts US réels positifs et l’engouement des investisseurs pour les valeurs technologiques américaines. Une hausse qui volera en éclat suite à l’arrivée de George W. Bush au pouvoir. Le creusement des déficits, l’instabilité géopolitique et l’éclatement de la bulle internet signeront une longue période de déclin pour le billet vert, jusqu’en 2010.

Raisons de l’appréciation du dollar aujourd’hui ?

Serions-nous en train d’assister au démarrage d’un nouveau cycle haussier pour le dollar ? Même si la hausse enregistrée depuis le début de l’année n’a encore rien d’exceptionnel, il convient de souligner les forces à l’œuvre poussant le billet vert vers les cimes.

La Commission Européenne1 prévoit -0,6% et -0,4% de croissance pour la zone euro en 2012 et 2013 respectivement. A cette longue récession dans laquelle est engluée le continent s’ajoute la parade choisie par les Banques Centrales : une politique monétaire accommodante, matérialisée par des taux d’intérêts directeurs bas (0,5%) et des achats massifs d’obligations souveraines, notamment pour les pays de la périphérie.

Hors zone euro, la Banque nationale suisse maintient le taux plancher de 1,20 face à l’euro, décidé en septembre 2011. Mais le statut de valeur refuge pour la devise helvétique a déjà été bien entamé dans l’esprit des investisseurs, puisque le taux EUR/CHF évoluait déjà au-dessus de 1,25 à la mi-mai.

Du côté de l’Asie, les nouvelles économiques soutiennent également l’essor du dollar, avec une croissance moins importante que prévue en Chine (7,7% au T1 2013 contre 8% attendus par les analystes) et des interventions massives de la Banque du Japon. Cette dernière a annoncé, le 22 mai dernier, qu’elle allait poursuivre l’expansion de la base monétaire, en procédant à des achats allant de 60 à 70.000 milliards de yens chaque année (soit 455 à 530 milliards d’euros). Depuis la nomination Shinzō Abe au poste de premier ministre le 26 décembre 2012, la dépréciation du yen face au dollar est flagrante, avec un taux de change USD/JPY gagnant plus de 18%.

Aux Etats-Unis pourtant, les données macroéconomiques ne semblent pas si réjouissantes. Certes, les créations d’emploi ont été meilleures que prévues en avril (165.000 contre 146.000 selon les attentes), et le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau depuis quatre ans (7,5%). Mais le nombre d’heures travaillées, lui, est en baisse. En moyenne, les américains travaillaient 34 heures et 24 minutes en avril, contre 34 heures et 36 minutes en janvier dernier. Le nombre de travailleurs temporaires est quant à lui passé de 27,4 millions à 27,5 millions. Sur l’autre front le plus affecté par la crise, l’immobilier, on notera également que les mises en chantier de logements aux Etats-Unis ont plongé de 16,5% en avril (0,85 millions d’unités contre 0,97 millions attendues et 1,02 million en mars).


1. 3 mai 2013, Prévisions économiques du printemps 2013: l’économie de l’UE se remet lentement d’une longue récession, Europa.eu

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