« Rejetons le laisser-faire, laisser-passer »
Déclaration du général Charles de Gaulle en conférence de presse à l’Elysée, le 16 mai 1967, justifiant la nécessité d’une politique interventionniste. Une pensée en opposition à celle de Vincent de Gournay, à qui l’on rapporte la célèbre maxime « Laissez-faire, laissez-passer », adressée au pouvoir en 1752.
Dès lors que notre pays abaisse ses barrières protectrices, il est nécessaire que nos industries s’adaptent continuellement aux exigences de la concurrence, et ça implique qu’un vaste effort de productivité avec tout ce qui s’y rapporte de recherche, d’investissement, d’équipement soit mené par nous sans relâche. Pour cet effort, il y a deux leviers concevables, chez nous comme ailleurs. L’un c’est la contrainte totalitaire, c’en est un. Et l’autre, c’est l’esprit d’entreprise, c’en est un autre. Nous avons choisi le second, et cela pour des raisons qui tiennent à notre caractère national, au degré de notre développement et à la comparaison entre les résultats respectivement obtenus par l’un et l’autre système quant au rendement, quant à la prospérité collective et quant au sort matériel et moral de chacun. Alors, nous avons fait notre choix qui consiste à ouvrir la carrière à la liberté, mais nous rejetons absolument le laisser-faire, laisser-passer, et nous voulons qu’en notre siècle ce soit la République qui conduise la marche économique de la France.